BULLETIN 2017 SUR L’ACCÈS DES ADULTES AU TRAITEMENT DE L’OBÉSITÉ
AU CANADA

L’obésité est une maladie chronique qui affecte la vie de millions de Canadiens. Mais dans quelle mesure l’obésité est-elle correctement traitée au Canada ?
Le Réseau canadien en obésité a entrepris d’évaluer l’accès aux soins médicaux fournis par les services publics aux adultes atteints d’obésité ainsi que les interventions couvertes par les régimes d’assurance médicaments privés.

Qu’est-ce que l’obésité ?
L’obésité est une maladie chronique progressive caractérisée par une accumulation anormale ou excessive de graisse qui nuit à la santé. Elle devrait être diagnostiquée par un professionnel de la santé qualifié à l’aide de tests et de mesures visant à évaluer l’état de santé du patient et non sa stature.

L’obésité est la principale cause de diabète de type 2, d’hypertension, de maladies cardiaques, d’AVC, d’arthrite, de cancer et d’autres problèmes de santé. Elle affecte aussi le bien-être socioéconomique des personnes atteintes du fait de la stigmatisation dont elle fait l’objet. Les préjugés à l’égard du poids peuvent accroître la morbidité et la mortalité, et ils sont associés à d’importantes inégalités en matière d’emploi, de soins de santé et d’éducation.

Traiter l’obésité
De récentes études ont montré que le fait de traiter l’obésité permet de maîtriser et même d’améliorer l’arthrose, le diabète, l’apnée du sommeil, l’hypertension, l’incontinence urinaire et l’infertilité.
Les lignes directrices de pratique clinique canadiennes suggèrent aux professionnels de la santé d’utiliser l’approche de traitement indiquée à droite. Ces lignes directrices insistent pour que le diagnostic et le traitement soient appliqués en vue de soutenir le patient et sans porter de jugement, et ce, dans un contexte interdisciplinaire.

Quel est le niveau de soins actuel ?
L’Association médicale canadienne et l’American Medical Association, l’Organisation mondiale de la Santé, le Réseau canadien en obésité et d’autres organismes sont d'accord pour considérer l’obésité comme une maladie chronique.
C’est un fait : Ni le gouvernement fédéral ni aucun des gouvernements provinciaux/ territoriaux du Canada n’ont reconnu l’obésité comme une maladie chronique.

Accès à des professionnels de la santé certifiés
C’est un fait : Un nombre très limité de médecins canadiens suivent une formation officielle pour prendre en charge l’obésité et l’obésité n’est pas systématiquement incluse dans les programmes d’études des facultés de médecine.
Seuls 40 médecins canadiens (sur 80 544) ont suivi la formation de l’American Board of Obesity Medicine (ABOM). L’ABOM fait passer un examen auquel les médecins canadiens peuvent participer afin d’obtenir un certificat prouvant leur connaissance du diagnostic et du traitement de l’obésité.

Accès aux programmes de gestion du poids sous surveillance médicale avec substituts de repas
Le programme de gestion du poids OPTIFAST® est un programme sous surveillance médicale qui utilise des substituts de repas de 900 calories; il est administré par une équipe de soins de santé interdisciplinaire.
  • Les régimes d’assurance maladie provinciaux ne couvrent que les coûts associés à la surveillance médicale (p. ex., tests diagnostiques et temps des cliniciens). .
  • Le coût des substituts de repas des programmes de gestion du poids n’est couvert par aucun des régimes d’assurance médicaments provinciaux ou des régimes privés.

Accès aux médic aments anti-obésité d’ordonnance
Les Lignes directrices canadiennes recommandent d’ajouter un agent pharmacologique pour aider à réduire les symptômes associés à l’obésité chez certains adultes qui ne parviennent pas à obtenir ou à maintenir une perte de poids significative sur le plan clinique à l’aide d’un régime alimentaire et de l’exercice thérapeutique.

Accès aux médicaments anti-obésité d’ordonnance
Conclusions sur la couverture par les régimes publics :
Les patients qui ne comptent que sur l’assurance médicaments publique (provinciale, fédéral ou territoriale) pour couvrir leurs dépenses de médicaments d’ordonnance n’ont pas accès à ces médicaments.
Par contre, l’Association canadienne du diabète indique que les régimes d’assurance médicaments de toutes les provinces et territoires couvrent au moins deux médicaments contre le diabète et que six médicaments contre le diabète sont couverts en Ontario.

Accès aux médicaments anti-obésité d’ordonnance
Conclusions sur la couverture par les régimes privés :
Sur un échantillon de 45 % de Canadiens bénéficiant d’un régime d’assurance médicaments privé, seuls 8,8 % avaient accès à des médicaments anti-obésité par l’intermédiaire de leur régime d’assurance médicaments privé.

Accès aux médicaments anti-obésité d’ordonnance
Nous avons également fait un sondage auprès des principales compagnies d’assurances à propos de la couverture des médicaments anti-obésité par leurs régimes d’assurance médicaments privés. Onze ont répondu.
Conclusions:

  • Seuls 4 des 11 assureurs participants reconnaissent l’obésité comme une maladie chronique.
  • La plupart des assureurs ont indiqué que moins de 10 % de leurs régimes couvrent les médicaments anti-obésité.
  • La plupart des assureurs ont indiqué que moins de 10 % de leurs régimes offrent des comptes de dépenses de frais de santé qui peuvent être utilisés pour couvrir le coût des médicaments anti-obésité.
  • Neuf des 11 assureurs ont indiqué que les promoteurs de régime (les employeurs) peuvent choisir de refuser la couverture des médicaments anti-obésité dans le régime d’assurance médicaments qu’ils offrent à leurs employés.

Accès à la chirurgie bariatrique
Les Lignes directrices canadiennes recommandent d’envisager de soumettre à la chirurgie bariatrique les adultes présentant une obésité grave sur le plan clinique (IMC ≥ 40 kg/m2 ou 35 kg/m2 si associé à une comorbidité grave) quand une intervention comportementale ne suffit pas pour atteindre un poids santé.
La chirurgie bariatrique est associée, entre autres avantages, à une réduction de l’apparition du diabète, à la rémission d’un diabète existant et à une baisse de la mortalité.

Accès à la chirurgie bariatrique
Ce sont des faits :

  • 113 chirurgiens font des opérations de chirurgie bariatrique dans 33 centres dans 9 provinces.
  • De nombreux centres n'acceptent pas de patients venant de l'extérieur de leur province.
  • Le nombre de ces centres n’a pas changé depuis 2012.
  • Le pontage gastrique et la gastrectomie partielle sont les procédures les plus courantes.

Accès à la chirurgie bariatrique
Conclusions:

  • Il y a beaucoup d'inégalité en ce qui concerne l’accès à la chirurgie bariatrique au Canada.
  • La chirurgie bariatrique n’est appliquée chaque année qu’à 1 adulte canadien sur 183 (soit 0,54 %) qui y seraient admissibles, c’est-à-dire ceux présentant une obésité de classe II ou III.
  • L'accès peut aller de 1 adulte présentant une obésité de classe II ou III sur 90 au Québec à 1 sur 1312 en Nouvelle-Écosse.

Accès à la chirurgie bariatrique
Les critères d’évaluation du temps d’attente entre le moment où le patient est adressé à un spécialiste et la consultation avec ce dernier, et entre la consultation et l’opération ont été établis sur la base des points de repère définis par l’Alliance sur les temps d’attente pour des maladies similaires.
Conclusions:

  • Au Canada, les temps d’attente pour la chirurgie bariatrique sont les plus longs de ceux de toutes les maladies traitables par la chirurgie.
  • Le risque que les patients décèdent en attendant une opération de chirurgie bariatrique est élevé.
  • L’accès à la chirurgie bariatrique et le temps d’attente pour l’obtenir sont inacceptables au Canada actuellement.

Recommandations
Les auteurs du Bulletin 2017 sur l'accès des adultes au traitement de l'obésité au Canada font sept recommandations basées sur les résultats de cette étude.

Remerciements
Le Canadian Obesity Network–Réseau canadien en obésité (CON-RCO) a été chargé de la conception, de la collecte des données, de l’analyse et de l’interprétation du rapport, et il assume l’entière responsabilité de son contenu et de ses conclusions.
Nous remercions les membres du Groupe de travail scientifique et du Comité consultatif sur le transfert des connaissances qui ont participé à ce projet. La liste complète des participants peut être consultée dans le Bulletin.
Le Bulletin 2017 sur l’accès des adultes au traitement de l’obésité au Canada a été rendu possible grâce au soutien financier de Novo Nordisk Canada Inc.
Le Canadian Obesity Network–Réseau canadien en obésité est également reconnaissant à Johnson & Johnson Medical Products, une division de Johnson & Johnson Inc. ainsi qu’à Nestlé Health Science Canada pour son soutien financier dans la diffusion et la promotion de ce rapport.