L’article de blog d’aujourd’hui a été rédigé par Audrey St-Laurent. Audrey est une étudiante au doctorat en kinésiologie à l’Université Laval située dans la ville de Québec. Elle est également la directrice des communications de l’exécutif national OC-ENP.

Il est connu que l’obésité infantile est un problème de santé publique. En 2016, la prévalence mondiale du surpoids et de l’obésité chez les enfants et les adolescents étaient quatre fois plus élevée qu’il y a 40 ans (OMS 2018). De plus, il est connu que l’obésité survient à un très jeune âge (<6 ans) (Geserick et al. 2018) et qu’il existe une forte association entre le nombre d’années vécues en obésité et le risque de mortalité par maladie cardiovasculaire et de mortalité toutes causes confondues (Abdullah et al. 2011).

La génétique contribue substantiellement au développement de l’adiposité excessive durant l’enfance. En fait, la génétique pourrait expliquer 47% à 80% de la variation de l’indice de masse corporelle pendant les premières années de vie (Elks et al. 2012). En plus de la génétique, plusieurs déterminants modifiables pourraient aussi être associés avec le développement de l’obésité chez les jeunes enfants. Mais quels sont-ils? Comment les prévenir?

Un récent article publié dans Nature Reviews Endocrinology (Larqué et al. 2019) visait à passer en revue la littérature scientifique existante à propos des déterminants de l’obésité infantile afin de fournir des stratégies cliniques pertinentes pour prévenir cette problématique de la préconception à la fin de la seconde année de vie.

Quels sont les facteurs de risque modifiables de l’obésité infantile?

Figure 1. Facteurs modifiables associés à l’obésité infantile

Diagram showing factors linked to childhood obesity, including parental obesity, diet during pregnancy, physical activity, and birth weight, among others, connected to a central node labeled "adiposité infantile".

Larqué et al. (2019) ont identifié 20 déterminants prénataux et postnataux potentiels de l’obésité infantile. Parmi eux, quatre facteurs de risque (allaitement, la consommation de macronutriments durant la grossesse [en particulier, la consommation totale de gras], la supplémentation avec des prébiotiques ou probiotiques et l’alimentation complémentaire] pourrait nécessiter plus d’attention considérant leur effet non concluant. Il est également important de noter que malgré l’effet non concluant de l’allaitement sur la diminution du risque d’obésité plus tard dans la vie, il y a consensus comme quoi l’allaitement devrait être encouragé en raison de ses nombreux bienfaits.

Comment prévenir les facteurs de risque de l’obésité infantile?

  • Durant la grossesse, les fournisseurs de soins devraient soutenir les stratégies visant à assurer de saines habitudes de vie maternelles, notamment pratiquer une activité physique régulière, consommer des graisses polyinsaturées, éviter la malnutrition/sous-alimentation ou la suralimentation, l’alcool et le tabac et limiter la consommation de sucre à moins de 10% de l’énergie totale.
  • Les habitudes de vie paternelles, en particulier, une saine alimentation et une pratique régulière de l’activité physique devraient être promu.
  • Les femmes enceintes devraient prendre des antibiotiques seulement après l’identification d’une infection bactérienne.
  • La césarienne devrait être strictement limitée aux indications médicales.
  • Les préparations pour nourrissons avec une teneur en protéines <2.05g/100ml devrait être évitées.
  • Les enfants âgés de moins de 2 ans devraient dormir plus de 10.5 heures par jour, incluant les siestes.
  • Les temps d’écran devraient être limités

Tableau 1. Recommandations canadiennes des temps d’écran dans les premières années de vie (0-4 ans) 

Nourrissons (<1 an) Bambins (1-2 ans) Enfant d’âge préscolaire

(3-4 ans)

  • Les temps d’écran ne sont pas recommandés
  • <2 ans : Les temps d’écran ne sont pas recommandés
  • 2 ans : les temps d’écran ne devraient pas dépassés 1h par jour (le moins est le mieux)
  • les temps d’écran ne devraient pas dépassés 1h par jour (le moins est le mieux)

Source: Tremblay et al. (2017)

Pour conclure, dans le contexte de la prévention de l’obésité infantile, les pédiatres ainsi que professionnels de la santé devraient fournir des conseils et informations personnalisés et validés scientifiquement à propos des comportements de santé (ex. alimentation, activité physique, sommeil) aux parents durant la grossesse, mais idéalement avant la conception. De plus, Larqué et al. (2019) ont rapporté que des prises de mesures spécifiques de l’adiposité de la progéniture et pas seulement l’indice de masse corporelle sont requis. Les auteurs ont aussi recommandé que les institutions et les politiques nationales et publiques adoptent des actions de promotion de la santé qui tiennent compte des facteurs de risque identifiés ci-dessous dans le but de soutenir les familles à court et long terme.

Avez-vous des idées pour promouvoir les habitudes de vie à tous les âges? Si oui, veuillez svp. nous les partager Audrey audrey.st-laurent@crchudequebec.ulaval.ca !

Pour plus d’information, vous pouvez consulter l’article suivant : Larqué, E., Labayen, I., Flodmark, C.-E., et al. (2019). From conception to infancy—early risk factors for childhood obesity. Nature Reviews Endocrinology, 1.

Références

Abdullah, A. et al. (2011). The number of years lived with obesity and the risk of all- cause and cause- specific mortality. Int. J. Epidemiol. 40, 985–996. 

Elks CE, den Hoed M, Zhao JH, Sharp SJ, Wareham NJ, Loos RJ, Ong KK. Variability in the heritability of body mass index: a systematic review and meta-regression. Front Endocrinol (Lausanne) 2012;3. 

Geserick, M., Vogel, M., Gausche, R., et al. (2018). Acceleration of BMI in early childhood and 

Larqué, E., Labayen, I., Flodmark, C.-E., et al. (2019). From conception to infancy—early risk factors for childhood obesity. Nature Reviews Endocrinology, 1.

Tremblay, M. S., Chaput, J.-P., Adamo, K. B., et al. (2017). Canadian 24-hour movement guidelines for the early years (0–4 years): an integration of physical activity, sedentary behaviour, and sleep. BMC Public Health, 17(5), 874.

WHO. (2018). Obesity and overweight [Retrieved from: https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/obesity-and-overweight]. Assessed on October 3, 2019.