Depuis 5 ans, j’ai de fantastiques occasions de contribuer, en tant que défendeurs droits des patients, au nom des personnes vivant avec l’obésité. Je suis fier du travail accompli par Obésité Canada et enthousiaste quant au potentiel de changements positifs. Toutefois, le fait d’œuvrer dans le domaine du plaidoyer me donne souvent l’impression de courir dans des sables mouvants. Bien que nous nous efforcions de faire comprendre au sein de divers systèmes et de la société que l’obésité est une maladie chronique, ceux-ci croient fondamentalement qu’il ne s’agit que d’une condition auto-infligée. Lors d’une rencontre avec mon député, j’ai mentionné que je voulais que le gouvernement reconnaisse l’obésité en tant que maladie chronique. Il m’a répondu : «Quelle est l’utilité de reconnaître une maladie ? Pourquoi est-ce important ? » À l’époque, je n’ai pas su répondre de manière adéquate.   

Lorsque l’on réfléchit à toutes les choses pour lesquelles nous pourrions plaider lorsqu’il s’agit de l’obésité ; on se laisse facilement submerger tant par l’ampleur des changements qui doivent être apportés que par ce qui est à considérer comme étant prioritaire. Est-ce l’amélioration à l’accès aux traitements qui est la plus déterminante ? Bien que nous ayons des traitements fondés sur des preuves scientifiquement établies, ceux-ci ne demeurent toutefois pas très accessibles pour les Canadien.ne.s. Améliorer l’accès serait formidable ! Allons-y, mettons-nous au travail.  

Mais attendez un peu, l’obésité est une maladie complexe. Aucun traitement n’est « LE bon » traitement pour tous. Alors sur quel(s) traitement(s) devrions-nous nous concentrer ? Devrions-nous nous battre afin d’accéder à des équipes de soins multidisciplinaires ou encore à des professionnels de la santé formés à la gestion de l’obésité ? Luttons-nous pour améliorer l’accès aux thérapies cognitivocomportementales ? …aux médicaments ? …ou aux chirurgies ?

Un instant, qu’en est-il des préjugés et de la discrimination liés au poids ? Je suis convaincu que le principe des préjugés liés au poids est le principal obstacle en matière de santé pour les Canadien.ne.s vivant avec l’obésité. Les préjugés liés au poids sont répandus, débilitants et coûteux. Bon d’accord, concentrons-nous sur les préjugés liés au poids. 

Néanmoins, les préjugés liés au poids en tant que sujet constituent une véritable bête en soi. Faut-il se concentrer sur le thème de la sensibilisation des professionnels de la santé, afin de tenter de réduire les préjugés liés au poids au sein des milieux soins ? Mais qu’en est-il des préjugés liés au poids en milieu de travail, dans le monde de l’éducation, des médias ou du grand public ? Et que fait-on à propos des préjugés intériorisés liés au poids ?   

Le fait de vivre avec l’obésité pose de nombreux défis en société, notamment en ce qui concerne l’accessibilité et la participation. Devrions-nous concentrer nos efforts à nous battre afin d’obtenir une amélioration de l’accessibilité et du soutien offert aux personnes vivant avec l’obésité, et ce, pour qu’elles puissent vivre leur vie de manière optimale en tant que membres actifs de la société ?

La science concernant les diverses thématiques de l’obésité est relativement jeune, comparativement à celle réalisée pour d’autres maladies chroniques. Et bien que notre compréhension de cette maladie se soit améliorée ; des investissements en recherche et en innovation sont indispensables en obésité, et ce, tant pour les traitements que pour la prévention. Ne serait-ce pas plutôt là que nous devons concentrer nos efforts ?  

Cette liste est accablante. Par où devrions-nous commencer ? Qu’est-ce qui aura le plus de retombées ? Qu’est-ce qui est réalisable ? Honnêtement, je n’ai pas la réponse. Ce que je sais, c’est que le travail que nous avons fait dans tous ces domaines s’est heurté à des barrières, des obstacles ; à des sables mouvants qui ne font que nous ralentir. Ce sable mouvant représente la perception de l’obésité. À savoir que l’obésité n’est pas une maladie, mais un échec personnel. Les gens se l’infligent à eux-mêmes et c’est donc à eux de s’en occuper. Comment pouvons-nous améliorer l’accès aux traitements pour quelque chose qui n’est même pas perçu comme étant une maladie ? Ainsi, les préjugés et la discrimination liés au poids sont presque justifiés puisque « les gens doivent prendre leurs responsabilités ». L’accessibilité, le financement de la recherche, la formation des professionnel.le.s de la santé, autant d’objectifs qui ne peuvent être atteints à des niveaux requis ; sans qu’il n’y ait la reconnaissance de la maladie. 

Aujourd’hui, de toute évidence, je sais ce que j’aurais dû répondre à mon député. Soit bien que de faire reconnaître l’obésité en tant que maladie chronique par les membres du gouvernement soit une étape modeste, celle-ci est essentielle en vue de parvenir à améliorer tous les domaines énumérés ci-dessus. Le fait que les membres des gouvernements s’alignent avec la masse de preuves scientifiques et les spécialistes aidera à modifier le discours et constituera le bâton de dynamite qui déclenchera une avalanche de changements. Sans oublier que les politiques de santé doivent être fondées sur des preuves, et non sur des croyances personnelles mal informées, et ce, puisque c’est la seule manière acceptable de gouverner.  

Aujourd’hui, c’est la Journée mondiale de l’obésité ; une chance de mieux la faire connaître ainsi qu’une occasion pour agir !

En consacrant 2 minutes de votre temps dès maintenant, vous pouvez faire une différence ! Cliquez sur le lien et rejoignez notre campagne. Celle-ci vise à interpeller les membres des gouvernements afin qu’ils reconnaissent l’obésité en tant que maladie chronique. Il vous suffit d’ajouter votre nom et votre code postal pour qu’une lettre soit envoyée à vos élus de manière à attirer leur attention sur cette importante question. Grâce à des actions comme celle-ci, nous ouvrirons des portes et entamerons des dialogues qui feront progresser les efforts visant à améliorer la vie des personnes vivant avec l’obésité. S’il vous plaît, joignez-vous à nous !  

Assurez-vous de partager avec les membres de votre réseau cette campagne. Puisque le fait de rallier votre famille, vos amis, vos collègues et vos pairs au fait de signer cette campagne amplifie le message. Plus il y aura de lettres envoyées, plus ils devront écouter !

Ce blogue est rédigé par

 

Dr Ian Patton Ph.D,

Directeur de l’engagement public et du plaidoyer

Obesity Canada- Obésité Canada