Ximena Ramos Salas, Ph.D.

Directrice à la recherche et aux politiques

Obésité Canada

Dès le début de la pandémie de la COVID-19, Obésité Canada et ses partenaires ont lancé un appel à l’action (en anglais), et ce, en vue d’examiner l’intersection entre les préjugés liés au poids, la stigmatisation envers l’obésité et la COVID-19 ; ainsi que la manière dont celle-ci peut avoir des conséquences en matière de santé et des répercussions sociales pour les Canadien.ne.s. Nous avons demandé aux professionnel.le.s de la santé et aux décideur.euse.s d’examiner la manière dont les déterminants sociaux de la santé, la vulnérabilité aux maladies infectieuses telles que pour la COVID-19 ainsi que la stigmatisation envers l’obésité pouvaient être pris en compte dans les interventions de santé publique.

Au fur et à mesure que la pandémie se développait, de nouvelles recherches démontraient que l’obésité, au même titre que d’autres maladies chroniques, pouvait augmenter les risques de sévérité de la maladie, d’hospitalisation et de mortalité liés à la COVID-19. Au cours de l’été 2020, Obésité Canada a communiqué avec des décideurs de santé publique, et ce, tant aux paliers gouvernementaux fédéral, provinciaux, que territoriaux afin de faire valoir la nécessité de reconnaître l’obésité en tant que maladie chronique, et ce, conformément aux recommandations issues des lignes directrices de pratique clinique publiées récemment. De plus, nous recommandions d’inclure l’obésité parmi les facteurs de risque et de sévérité de la COVID. Depuis, nous avons commencé à voir les retombées de nos efforts de plaidoyer lorsque l’Agence de la santé publique du Canada a inscrit l’obésité en tant que facteur de risque et de la sévérité de la COVID. Nous avons été particulièrement ravis de voir que l’Agence de la santé publique du Canada utilise un langage axé sur la personne en premier dans sa directive.

Obésité Canada et ses partenaires ont également priorisé d’importantes questions de recherche à propos de l’obésité, de la stigmatisation envers au poids et de la COVID-19 réclamant ainsi davantage de données cliniques, et ce, afin de mieux comprendre les mécanismes par lesquels l’obésité augmente la gravité et les résultats de la COVID-19. Bien que nous reconnaissions que les études épidémiologiques utilisent l’IMC en tant que mesure de substitution à l’obésité, nous soulignons que celui-ci ne constitue pas un indicateur approprié aux fins diagnostics. En fait, les mesures anthropométriques telles que l’IMC ou le tour de taille peuvent à la fois sur et sous-diagnostiquer les personnes ayant de l’obésité. C’est pour cette raison que les lignes directrices canadiennes de pratique clinique de l’obésité chez les adultes recommandent d’utiliser l’IMC ou tous autres outils anthropométriques tels que le tour de taille (TT) uniquement en tant qu’outils de dépistage.

Nous présentons dans ces lignes directrices une nouvelle définition de l’obésité (soit : une adiposité excessive ou anormale qui nuit à la santé) et invitons les professionnel.le.s de la santé à procéder à une évaluation médicale complète afin de déterminer si et de quelle manière cet excès ou cette anomalie de graisse corporelle nuit à la santé de cette personne.

Malheureusement, plusieurs personnes vivant avec l’obésité n’ont pas été diagnostiquées en tant que telles grâce à ces évaluations médicales adéquates, et ceci est partiellement dû au fait que l’obésité n’est pas reconnue en tant que maladie chronique au sein du système de santé. Par conséquent, en attendant que les personnes ayant de l’obésité fassent l’objet d’un diagnostic médical, l’IMC est le seul outil populationnel dont nous disposons afin d’identifier les personnes susceptibles d’avoir un risque potentiel plus grand de contracter la COVID-19 et du risque de la sévérité de cette maladie.

Les scientifiques devraient également envisager d’inclure des facteurs allant au-delà de l’IMC, tels que les facteurs inflammatoires et métaboliques, de manière à favoriser notre compréhension du rôle de l’obésité dans les résultats liés à la COVID-19. Mais surtout, nous incitons les scientifiques cherchant des traitements contre le coronavirus à examiner de quelle manière ils pourraient tenir compte des caractéristiques spécifiques des groupes à haut risque, notamment celui des personnes ayant de l’obésité.

Depuis que nous disposons des vaccins contre la COVID-19, Obésité Canada a interpellé les responsables des politiques de santé publique dans le but qu’ils priorisent les personnes des groupes à haut risque, dont celles ayant de l’obésité. Nous avons été heureux de constater que certaines provinces ont inclus les personnes ayant un IMC > 40 kg/m2 dans leurs listes de priorités concernant la vaccination contre la COVID-19. Puisque les stratégies de vaccination contre la COVID 19 sont des stratégies populationnelles, l’IMC peut être une manière rapide afin de prioriser les personnes vivant avec l’obésité.

Malheureusement, en raison du manque de compréhension au sein du système de santé et du public quant au sujet de l’obésité en tant que maladie chronique ; nous avons assisté à un contrecoup à l’encontre des personnes ayant de l’obésité en raison de leur priorisation pour la vaccination contre la COVID-19. Ce manque de compréhension de l’obésité en tant que maladie chronique est dû en partie aux préjugés liés au poids et à la stigmatisation qui existent dans notre société.

La science est claire. Les personnes vivant avec des maladies chroniques, dont l’obésité, devraient être priorisées lors de la vaccination contre la COVID-19. Nous devons défier les préjugés liés au poids et les confronter lorsque nous les voyons au sein de notre société. Nous avons besoin de tout le monde pour lutter contre les préjugés liés au poids et la stigmatisation. Obésité Canada est reconnaissant envers les journalistes qui ont mis l’accent sur la science (en anglais) et qui ont renseigné le public (en anglais) à propos des préjugés liés au poids ainsi que de l’obésité en tant que maladie chronique.

Nous sommes également reconnaissants envers les patients-partenaires (en anglais), et les professionnel.le.s de la santé qui se sont manifestés et qui ont partagé leurs voix dans le but de réduire les préjugés liés au poids lors de cette pandémie de la COVID-19. Cette pandémie nous démontre que nous devons tous être solidaires et nous soutenir mutuellement. Ayons plus d’empathie et éduquons-nous au sujet de l’obésité. Plutôt que de ne faire que des suppositions et de stigmatiser les gens pour leur état, leur maladie ou leur corpulence.

L’obésité est une maladie chronique au même titre que toute autre maladie chronique. Nous continuerons à nous engager en faveur des personnes vivant avec l’obésité et à réduire les inégalités en matière de santé (blogue en anglais). Merci de partager cet article de blogue et cette infographie afin de nous aider à informer le public au sujet tant de la science de l’obésité, de la maladie, de la sévérité de la COVID-19 que de la vaccination.